José Giovanni > Réalisateur Scénariste Dialoguiste > Les égoûts du Paradis
Extrait de Mes grandes gueules, José Giovanni, 2002
Coup de fil d'un certain Rawson, détenteur des droits du bouquin d'Albert Spaggiari sur le casse de la Société générale de Nice, Les Égouts du paradis. Rendez-vous à Paris, l'inévitable Paris, et lecture immédiate du bouquin. Ma prentière impression, celle qui s'imposera : l'autopsie d'un casse. Son cillot frise l'inconscience. L'entreprise de ces truands baigne dans l'humour. D'où l'idée de Rawson de faire dialoguer le film par Michel Audiard. Ce dernier a bien saisi le décalage entre le plus grand casse commis en France et la personnalité fantasque d'Albert Spaggiari. Tout en conservant l'ampleur de cette aventure, notre galerie de casseurs n'entrera pas dans les poids lourds de la truanderie. Plutôt des inconscients, le ton léger, dirigés par cet ancien guerrier de Spaggiari, un hors-la-loi pétillant.
« Tout à fait pour Francis Huster, conseille Audiard ... Je l'ai vu jouer ... Étourdissant... Du champagne.»
On se rencontre. Je suis frappé par sa passion, sa folle croyance en lui.
Spaggiari a fait deux guerres : l'Indochine et l'Algérie. Il s'est rangé des voitures dans son petit magasin de photo. Il photographie les mariages et surtout les starlettes du studio de la Victorine. Une femme par jour au service du repos du guerrier à la retraite. Parfois, un baroudeur en activité passe. Aux souvenir de la mitraille, Spaggiari a presque honte de sa vie étriquée. La lecture d'une « Série noire » américaine, Tous à l'égout, sera le déclencheur. Le roman décrit l'entrée dans la salle des coffres d'une grande banque en passant par les égouts. Spaggiari rôde autour de la Société générale de Nice, contemple les plaques d'égouts voisines, visite la rivière sous-terraine du Paillon. Tout ça communique. Il repère méticuleusement avec un ex-soldat perdu comme lui, se met à recruter des musclés, car il faudra creuser, percer dans d'épouvantables conditions.