José Giovanni > Réalisateur Scénariste Dialoguiste > La Scoumoune
Extrait de Mes grandes gueules, José Giovanni, 2002
Le téléphone sonnera quand même. René Chateau est au bout du fil. Il a grandi. Chacun des films est devenu "un Belmondo". René croit savoir que j'ai récupéré les droit scinématographiques de l'Excommunié, dont Jean Becker avait tiré Un nommé La Rocca. C'est exact. Jean Rossignol n'avait cédé les droits que pour dix ans. Peu de temps avant madame de Carbuccia, la productrice de Un nommé La Rocca, avait proposé un prolongement des droits contre 7,5%. Une insulte. De la mendicité. J'avais refusé pour réfléchir à un pourcentage honnête.
Rendez-vous avec Chateau et Belmondo dans un restaurant de Montparnasse, Le Caméléon, tenu par un Juif russe, ex-beau mec de Belleville, Maurice, et sa femme, Ginou, une rousse pulpeuse, une vivandière. Maurice écrira Les Grooms de Lucifer, le récit de sa déportation, dans un humour bouleversant et unique. Sur des étagères de son resto, un alignement de pots de charnbre. Jean-Paul voudrait rejouer le même personnage, mais plus près de mon roman. À l'époque d'Un nommé La Rocca, il se sentait trop jeune. Cette jeunesse, celle de Pierre Vaneck aussi, avait donné au film un charme particulier, moins de dureté que dans le livre, mais un beau film, unique dans le registre policier du cinéma français.
Je ne veux pas qu'un nouveau film mette à mal l'exploitation de celui-là. René Chateau s'est déjà renseigné. L'existence du film de Jean Becker ne sera pas remise en cause. Mon échec récent n'a pas l'air d'assombrir l'horizon. J'apporte le sujet, le scénario, la mise en scène. Secteur production, Jean-Paul Belmondo me demande si je pourrais m'entendre avec Genovese, car il a un accord général concocté par Lebovici, son agent. Vu le contexte, je sais déjà qu'il y aura du foin au râtelier pour réussir une incontestable reconstitution d'époque.