José Giovanni > Réalisateur Scénariste Dialoguiste > Comme un boomerang |
Extrait de Mes grandes gueules, José Giovanni, 2002
|
Le sabordage du projet avec Carlo Ponti accélère encore mon besoin de me jeter en avant. J'aurais plutôt besoin de freins hydrauliques. J'écris vite. Cette fois je commets l'erreur de ne pas prendre le temps d'approfondir les caractères. Le sujet de base : Delon, PDG d'une grande boîte, voit son fils entrer dans le crime. Lui-même est un ex-truand qui a su dissimuler son passé. Et ce passé lui retombe sur le dos. Le voilà en fuite avec son fils. En gros, le suspense fonctionne. Mais le public ne s'identifiera pas aux problèmes de Delon. Sa situation initiale est trop luxueuse. J'avais cru, au contraire, que le fait de tout perdre serait un atout. Hélas ! on ne peut refaire un film et considérer le premier comme un brouillon ! J'emporte la satisfaction d'avoir conseillé - je déteste le terme «diriger» - l'immense Charles Vanel. Pas loin de quatre-vingt-dix ans, plus de deux cents films et une continuelle humilité. Nous évoquons notre rencontre sur Pêcheurs d'Islande et le rafiot exténué interdit de sortie du port. Il est resté lucide, le vieux Charles. Après le triomphe du Salaire de la peur de Clouzot, de cette peur qu'il avait rendue pathétique, il était resté un an sans l'ombre d'une proposition. «Tu comprends, il n'y avait pas de lâche à interpréter à ce moment-là...» |
||