José Giovanni > Réalisateur Scénariste Dialoguiste > Le Gitan |
Extrait de Mes grandes gueules, José Giovanni, 2002
|
Je savoure les millions d'entrées de Deux hommes dans la ville. Je passe voir Raymond Danon dans son bureau seigneurial, veillé par le pouce géant, sculpté par César. Après un succès, toute la profession vous parle d'avenir. Nos projets les plus proches, c'est quoi ?... Pourraient-il,s se confondre comme l'air et le soleil ?... Raymond a signé pour produire cinq films avec Delon. S'il lui propose un sujet qu'il accepte, Danon a la priorité sur toute autre proposition étrangère. Je m' entends lui dire : «J'ai peut-être quelque chose : - Raconte, raconte... - Ça serait nn Gitan... Alain Delon dans Le Gitan.» J'avais déjà l'idée avant Deux hommes dans la ville. Mon roman Histoire de fou recelait un gangster gitan en personnage secondaire, qui deviendrait facilement principal. Un spécialiste d'ouverture de coffres est accusé d'avoir balancé sa femme par la fenêtre. Il se met en cavale alors que le gang dirigé par le Gitan écume la France : attaques de transports de fonds, de casinos, règlements de comptes, etc., bref, après chaque braquage, une nuée de flics tombent sur le secteur. Ce qui oblige le spécialiste des coffres à changer d'adresse. Il fuit ce Gitan comme une marée noire. À la fin, le Gitan vient se planquer chez lui. « En gros, voilà le mouvement Mais les motivations sont sympa.» Alain Delon tourne au studio de Boulogne. Raymond prendra un rendez-vous pour moi. «Ca lui plaira ... Il n'a jamais tourné de gitan », m'assure Danon. Un côté naïf anime souvent le démarrage d'un projet de cinéma. J'adore la naïveté. C'est un sentiment universel. |
||