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José Giovanni > Scénariste dialoguiste > Un nommé La Rocca

Extrait de Mes grandes gueules, José Giovanni, 2002

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La mort de Jacques Becker a creusé un vide familial que la marche de la vie comblera. Jean, le fils aîné, doit mettre en scène. il le peut. il ne reste qu'à assembler les éléments. Les protestations d'amitié de Serge Silberman, le producteur du Trou, du genre « mon petit Jean, c'est à moi et à moi seul de produire votre premier film », nous font croire à tous les deux qu'il veut vraiment renvoyer l'ascenseur. Je parle à Jean de mon histoire de scierie. Silberman la refuse en s'appuyant sur un personnage important qui triche aux dés. Il prétend qu'un tricheur aux dés n'est crédible qu'en Amérique. Comme il fait les questions et les réponses, ça use. J'ai l'impression d'être passé à la pierre ponce. Dès qu'il refuse une antre proposition, je crois que son ascenseur est en panne. Un grippage du cœur. J'aurais dû mieux regarder son visage.
Jean-Paul Belmondo vient de lire L'Excommunié. Le rôle principal lui plaît. Un souvenir remonte. Celui de Jacques Becker me confiant que son fils Jean ferait très bien ce film. Jean et Belmondo sympathisent. Nous montons tous les trois dans un véritable ascenseur, et un producteur, madame de Carbuccia, qui croit en Jean Becker, appuie sur le bouton. Cette dame avait produit un film de Jacques, Ali Baba et les quarante voleurs.
La popularité du jeune Belmondo, dit Bébel, pousse à la vitesse d'une canne à sucre sous le soleil tropical. À bout de souffle de Godart et Classe tous risques de Sautet vont accélérer sa mise sur orbite.
Avec Jean, nous nous lançons dans la construction du scénario de L'Excommunié. La jeunesse de Bébel nous oblige à décaler les événements. Jean choisit Pierre Vaneck pour jouer le copain qui perdra son bras au cours du déminage. Le tandem marche bien mais confirme un allégement de passé dans leur truanderie.
Pour moi, c'est le métier qui rentre. Rester ouvert, ne pas s'accrocher à chaque phrase, chaque genèse de l'épreuve. Penser à ce jeune metteur en scène doublé d'un ami pour écrire ce qu'il aura le plus de plaisir à filmer. Et je lui enseigne le jeu des échecs.


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	La mort de Jacques Becker a creusé un vide familial que la marche de la vie comblera. Jean, le fils aîné, doit mettre en scène. il le peut. il ne reste qu'à assembler les éléments. Les protestations d'amitié de Serge Silberman, le producteur du Trou, du genre « mon petit Jean, c'est à moi et à moi seul de produire votre premier film », nous font croire à tous les deux qu'il veut vraiment renvoyer l'ascenseur. Je parle à Jean de mon histoire de scierie. Silberman la refuse en s'appuyant sur un personnage important qui triche aux dés. Il prétend qu'un tricheur aux dés n'est crédible qu'en Amérique. Comme il fait les questions et les réponses, ça use. J'ai l'impression d'être passé à la pierre ponce. Dès qu'il refuse une antre proposition, je crois que son ascenseur est en panne. Un grippage du cœur. J'aurais dû mieux regarder son visage. Jean-Paul Belmondo vient de lire L'Excommunié. Le rôle principal lui plaît. Un souvenir remonte. Celui de Jacques Becker me confiant que son fils Jean ferait très bien ce film. Jean et Belmondo sympathisent. Nous montons tous les trois dans un véritable ascenseur, et un producteur, madame de Carbuccia, qui croit en Jean Becker, appuie sur le bouton. Cette dame avait produit un film de Jacques, Ali Baba et les quarante voleurs. La popularité du jeune Belmondo, dit Bébel, pousse à la vitesse d'une canne à sucre sous le soleil tropical. À bout de souffle de Godart et Classe tous risques de Sautet vont accélérer sa mise sur orbite. Avec Jean, nous nous lançons dans la construction du scénario de L'Excommunié. La jeunesse de Bébel nous oblige à décaler les événements. Jean choisit Pierre Vaneck pour jouer le copain qui perdra son bras au cours du déminage. Le tandem marche bien mais confirme un allégement de passé dans leur truanderie. Pour moi, c'est le métier qui rentre. Rester ouvert, ne pas s'accrocher à chaque phrase, chaque genèse de l'épreuve. Penser à ce jeune metteur en scène doublé d'un ami pour écrire ce qu'il aura le plus de plaisir à filmer. Et je lui enseigne le jeu des échecs.