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Extrait de Mes grandes gueules, José Giovanni, 2002
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Un bien-être immédiat détruit ma tension nerveuse. J'ai besoin d'espace. Je veux m'enfuir des cercles de jeux, des lumières glauques, de la guerre des gangs. J'écris un titre: Les Aventuriers. L'idée de base sor du chapeau de mes souvenirs. En 1944, à Nantes, chez Léa, ma demi-sceur, qui tenait un bar à la mode où je m'étais planqué pour éviter le STO, j'avais rencontré le commissaire Antonini, le patron des RG. Il m'avait proposé une mission d'infiltration dans la poche de Saint-Nazaire toujours occupée par les Allemands J'avais accepté et, on ne sait jamais, avant de risquer ma vie, j'avais fait une virée dans un bordel du quai de la Fosse avec des noceurs du bar. Une pute jouait de l'accordéon. Elle m'avait semblé trop «classe» pour les lieux. Intrigué, j'étais monté avec elle, alors que payer pour la bagatelle m'enlève mes moyens. «D'où viens-tu ? Tu ne ressembles pas à l'endroit. - J'ai peur, m'avait-elle confié. - Je peux régler ça, si tu veux. » J'avais joué au preux chevalier. Son évasion sous ma protection avait fait déferler une cascade de menaces chez Léa. Elle connaissait la musique mieux que moi, et le mac concerné s'était trouvé face à la perspective de voir débarquer mon oncle Santos, haut du panier de la pègre, et mon frère aîné à la détente expéditive pour purger l'abcès. Le mac s'était contenté de me dire que j'étais un jeune con et que ma protégée n'était qu'une pute adorant son boulot de pute et indissociable d'un bordel. Dans mon livre, les aventuriers n'ont plus qu'à se heurter au mystère d'une femme séquestrée. Je l'invente. J'y ajoute mes rêves de découverte d'un trésor. Je les baptise Manu et Roland, une sorte de revanche des cachots du Trou. lis reviennent en Corse avec le trésor et le corps du troisième tué lors de leur demier combat. |
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