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J'écris L'excommunié, les aventures de Roberto La Rocca, un gangster sévissant dans les années vingt et qui finira dans les années cinquante par se tromper d'époque en sous-estimant la nouvelle pègre. Vivant de la peur qu'il inspire aux autres, mon personnage évolue dans les combats d'une existence de western. Jugé et condamné à vingt ans de travaux forcés, il passe par la centrale. Je le fais travailler à enfiler des perles pour couronnes mortuaires, et il s'engage avec d'autres taulards pour désamorcer les bombes, les torpilles et les mines dont les Allemands avaient truffé les plages française. Les survivants sont graciés. Je tombe dans le polar-aventure, et laisse le temps blanchir les cheveux de mes truands.
En vérité, Roberto La Rocca fut abattu à Pigalle par la nouvelle pègre. Je te laisse vivre. J'en fais une sorte de prince qui disparaît dans le vieux Montmartre. Point final et nouveau chèque de Marcel Duhamel. Cette fois, Minie Danzas ne change pas mon titre. Elle pense que dérouler le destin d'un homme violent sous un titre à connotation religieuse déclenchera l'intérêt lorsqu'on le lira sur la couverture de la " Série noire ". Duhamel m'assure que l'enchaînement des actions est encore plus dense que dans les trois autres bouquins. Il me dit que ça vient aussi de l'écriture. Je n'ai pas suffisamment confiance dans ce qu'il appelle " mon écriture " pour comprendre son analyse. Je pense que je dois la nervosité du récit au fait que Roberto La Rocca, alias l'Excommunié, dégaine plus vite qu'une étoile filante, que son regard sombre, posé sur ses ennemis, dessine déjà la forme d'une pierre tombale. |
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