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Extrait de Mes grandes gueules, José Giovanni, 2002
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J'attaque un roman : une «Série noire» intitulée Ho ! Un gangster, que j'ai connu, gonflé par la presse. Pour rester à la hauteur de sa réputation médiatique, il s'engagea dans un engrenage infernal. Je romance les faits. Je me souviens d'un ami et donne au personnage du roman la passion des cravates. Trois cents cravates . C'est le moment qu'Eddy, surnommé Eddy les belles cravates, choisit pour me téléphoner. Ce braqueur, libéré depuis peu, m'avait aidé à surmonter ma première cellule. Mon arrivée, boitant des suites d'une balle qui m'avait fracturé le fémur, avec Eddy déjà dans la cellule. Un optimiste orienté vers des projets d'évasion. Il finira par purger sa peine. Je le retronve dans le bar de la mère Ninie, rue aux Ours. Il a un problème. Il a accepté les économies d'une grosse pute en guise de dépannage. Elle est fière de bosser pour ce truand de grande renommée. Il n'est qu'un mac occasionnel et se trouve empêtré par le désir que cette volumineuse a de lui. Impossible de bander pour l'honorer. Je dois déjeuner avec eux. Eddy mettra le sujet sur la table. D'allusion en allusion je devrai reconlnaître qu'après une longue détention notre système, déréglé, nous fait tomber en panne. La débordante n'est pas éclairée à tous les étages. Un peu avant le dessert, elle entrevoit que nous parlons pudiquement de notre virilité défaillante à cause des années vécues dans ces saloperies de prisons. Elle en excuse Eddy : «Mon chéri, ce sont nos petits secrets ... Faut pas en causer à tout le monde. » Eddy est sauvé. Il peut encaisser la monnaie sans rembourser en nature. |
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