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José Giovanni > Romancier > La mort du poisson rouge

Extrait de Mes grandes gueules, José Giovanni, 2002

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Arès le livre sur mon Père, je crains que le suivant ne soit inférieur. Cette confiance qui me quitte a-t-elle un rapport avec le départ de mon ami Marceau? ... Quand une solidité s'en va, on en éprouve un manque. Profondément.
Chez Laffont, Antoine Audouard me persuade de continuer à écrire. Il pense que je dois renouer avec le polar. Mes grands titres ne sont pas oubliés. Le champ de la criminalité, s'il a changé, est de plus en plus vaste. ils sont preneurs.
Est-ce que je comprends bien ce qui se passe aujourd'hui ? Étonné du manque d'efficacite de l'État pour assurer la sécurité dans le métro, j'avais soumis à Robert Badinter, lorsqu'il était garde des Sceaux, l'idée de placer des caméras vidéo reliées à des télévisions de contrôle. Réponse: «Ce serait une atteinte à la liberté individuelle.» Et celle du citoyen qui se fait dépouiller? ..
J'explique par là que je ne peux pas inscrire un futur roman noir dans une réalité sociale quotidienne. Alors mon idée sur un directeur de maison centrale de force me revient. Et avec les spadassins de la Mafia, j' achèverai de me tenir loin de monsieur Tout-le-monde. En quelques jours, je précise les personnages et surtout le début du bouquin. Mon tiroir aux souvenirs.
Tout commence par un détenu qui possède un poisson rouge dans son petit bocal rond. C'est interdit par le règlement. Il y a combat pour le lui enlever. Brisure du petit bocal et mort du poisson rouge. La Mort du poisson rouge, voilà le titre.
Lorsque le surveillant m'avait confisqué mon poisson rouge, à la centrale de Melun, j'en avais parlé à un copain serveur au mess :
«C'est un soiffard, ce type ... Je l'aurai à coups de faux cols ... »
Ce faux col l' avait obsédé. Les petits verres de blanc sec pleins à ras bord. Sauf le sien. Un faux col ! Pourquoi lui et pas les autres ? Parce qu'il n'était pas un maton comme les autres. Lui, il s'en prenait à un poisson rouge, alors que les autres surveillants le toléraient. Et je l'ai vu se pointer, ce type, pour que je lui arrange les bidons avec le détenu serveur au mess. Il m'a acheté un autre poisson rouge. Et son verre de blanc s'est rempli à nouveau.


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	Arès le livre sur mon Père, je crains que le suivant ne soit inférieur. Cette confiance qui me quitte a-t-elle un rapport avec le départ de mon ami Marceau? ... Quand une solidité s'en va, on en éprouve un manque. Profondément. Chez Laffont, Antoine Audouard me persuade de continuer à écrire. Il pense que je dois renouer avec le polar. Mes grands titres ne sont pas oubliés. Le champ de la criminalité, s'il a changé, est de plus en plus vaste. ils sont preneurs. Est-ce que je comprends bien ce qui se passe aujourd'hui ? Étonné du manque d'efficacite de l'État pour assurer la sécurité dans le métro, j'avais soumis à Robert Badinter, lorsqu'il était garde des Sceaux, l'idée de placer des caméras vidéo reliées à des télévisions de contrôle. Réponse: «Ce serait une atteinte à la liberté individuelle.» Et celle du citoyen qui se fait dépouiller? .. J'explique par là que je ne peux pas inscrire un futur roman noir dans une réalité sociale quotidienne. Alors mon idée sur un directeur de maison centrale de force me revient. Et avec les spadassins de la Mafia, j' achèverai de me tenir loin de monsieur Tout-le-monde. En quelques jours, je précise les personnages et surtout le début du bouquin. Mon tiroir aux souvenirs. Tout commence par un détenu qui possède un poisson rouge dans son petit bocal rond. C'est interdit par le règlement. Il y a combat pour le lui enlever. Brisure du petit bocal et mort du poisson rouge. La Mort du poisson rouge, voilà le titre. Lorsque le surveillant m'avait confisqué mon poisson rouge, à la centrale de Melun, j'en avais parlé à un copain serveur au mess : «C'est un soiffard, ce type ... Je l'aurai à coups de faux cols ... » Ce faux col l' avait obsédé. Les petits verres de blanc sec pleins à ras bord. Sauf le sien. Un faux col ! Pourquoi lui et pas les autres ? Parce qu'il n'était pas un maton comme les autres. Lui, il s'en prenait à un poisson rouge, alors que les autres surveillants le toléraient. Et je l'ai vu se pointer, ce type, pour que je lui arrange les bidons avec le détenu serveur au mess. Il m'a acheté un autre poisson rouge. Et son verre de blanc s'est rempli à nouveau.